Les accords de Bruxelles ont porté le ratio tier onedes banques à 9%. Essayons une définition simple de cette injonction mystérieuse aux non initiés. « Tier », est un mot anglais qui signifie « niveau » en français. Le ratio « tier one » ou ratio de niveau un, c'est le rapport imposé aux banques entre le montant de leurs fonds propres* et celui de leurs encours de crédit. Bref ! Les fonds propres des banques ne pourront être inférieurs à 9 % de leur crédit. Pourquoi one ? Parce que c’est le premier ratio imposé aux banques, celui considéré comme le noyau dur.
De façon plus parlante, les banques ne pourront prêter plus de 11.1 fois leurs fonds propres. Les accords de Bâle de décembre 2010 autorisaient un multiplicateur de 12.5. La réduction de l’encours de crédit sur les fonds propres imposé par Bruxelles est donc de 12%. Pourcentage impressionnant si l’on considère qu’il s’applique au nerf de la guerre de l’économie réelle que sont les prêts bancaires.
L'actualité a mis le projecteur sur l'augmentation des fonds propres des banques. Mais de nombreux observateurs avisés se sont plutôt interrogés sur le dénominateur du ratio, c'est-à-dire sur le montant des prêts et son impact sur l’économie réelle. Car en économie comme dans tout débat de Société, il y a l’approche politique ou dogmatique et la conception pragmatique qui privilégie l’analyse pour mieux définir une stratégie personnelle en tant qu’agent économique.
Or, la crainte qu’expriment ces économistes**, c’est que les banques soient contraintes d’arbitrer en faveur d’une diminution des encours de crédit provoquant un brutal assèchement des crédits futurs appelé encore « crédit Crunch » La question est :
« Qui sera chocolat ? »
Les observateurs de terrain que sont les professionnels des fonds de commerce, ont déjà constaté, quant à eux, la frilosité des banquiers et le renforcement des exigences des « scoreurs » pour l’attribution des prêts aux acquéreurs de fonds de commerce.*** On a le sentiment que tout est fait pour ne pas accorder le prêt ou encore pour retarder la mise à disposition des fonds une fois le prêt accordé, ce qui n’est pas plus rassurant. On voit resurgir des pratiques qui avaient cours en 2008 comme des demandes de dernière seconde d’analyses médicales complémentaires pour garantir le prêt… Au crédit Crunch s’ajoute la crainte des cédants de se retrouver en possession de liquidités dont ils ne savent trop comment les sécuriser dans un contexte boursier calamiteux.
Augmentez votre propre « tier one ! »
On s’apprêtait à conseiller aux acheteurs et vendeurs de fonds de commerce d’augmenter leur propre tier one, en d’autre terme : Limiter autant que faire se peut le recours aux banques, jouer sur le ratio prix / crédit en recherchant des fonds de plus petite taille ou des fonds à remonter. Systématiser le recours au crédit vendeur, augmenter les apports personnels en faisant appel à toutes les bonnes volontés …
Quand la Grèce fête Halloween…
Que vont devenir ces perspectives depuis qu’au moment de mettre cette brève en ligne, on apprend que la Grèce a fêté à sa façon halloween en décidant de soumettre à référendum, l’accord de Bruxelles.
Quels seront les effets de ce qui apparaîtra comme une félonie de ce côté ci du mont Olympe et comme le simple constat lucide et désillusionné que l’Euro ne vaut pas dix ans de disette de ce côté-là. Il faudrait interroger la Pythie de Delphes pour savoir si c’est de bon ou mauvais augure…
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